La Peste de Marseille de 1720
1720. Marseille l’Eblouissante, la Rayonnante, ville sous la protection de la lumière de ce magnifique ciel de Provence qui lui donne un éclat tout particulier. La ville encore moyenâgeuse qui étouffait dans son ancienne enceinte s’est épanouie à l’intérieur de ses nouveaux remparts terminés un quart de siècle auparavant. L’est de la cité a vu s’ériger ces belles maisons bourgeoises qui témoignent de l’état florissant de ses grands commerçants et négociants.
Ville de contrastes où se côtoient les plus riches et les plus pauvres. Le nord du port que nous appelons aujourd’hui le Vieux Port, renferme dans un triangle dominé par l’église des Accoules les trois quarts de sa population. Ces habitants-là remplissent, depuis les caves jusqu’aux sous pentes des toitures, ces immeubles vétustes de la vieille ville, mais le climat agréable de la Méditerranée fait un peu oublier cette misère.
Depuis 50 ans, Marseille a le monopole du commerce avec l’Orient via le Moyen Orient. Des jeunes gens ambitieux et aventuriers y viennent pour y faire fortune. Tout est au beau fixe et on sait que demain sera encore meilleur qu’aujourd’hui.
Mais, mais….le 25 mai la foudre s’abat sur la tranquillité et la quiétude des Marseillais; ils ne le savent pas encore car au début cette foudre-là est silencieuse et insidieuse, elle va commencer par les mordre discrètement puis elle va surgir violemment tel un dragon sur sa proie et les emporter dans une spirale infernale de mort et de désolation.
Cette terrible foudre, c’est cette abominable peste qui va emporter la moitié des Marseillais et à qui on a ouvert la porte pour des raisons bassement matérielles en laissant entrer un navire de commerce‘’ Le Grand Saint Antoine’’. Ses armateurs et les négociants à qui appartiennent les marchandises qu’il transporte ont privilégié le lucre à la prudence que l’état sanitaire alarmant de ce navire imposait.
Dr Guy Rouvière